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Aurele a tous les sens émus et réjoüis.
Des faits gravez dans l’or ses yeux sont ébloüis.
Sur l’ouvrage divin sa veuë est occupée.
Il regarde la lance : il admire l’espée.
Puis brulant d’un grand zele, il rend graces à Dieu ;
Et fait un vœu dévot, de construire un saint lieu,
Pour le don que le ciel à ses soupirs octroye,
Qui depuis prit le nom du val et de sa joye.
Il sent, de voir son roy l’impatient desir ;
Et pretend le charmer par un divin plaisir,
Luy faisant voir l’éclat de cette armure insigne :
Mais de s’en revestir il se croit trop indigne.
Laisse-là ton soucy : suy moy, dit le vieillard :
Et vien gouster des fruits que ce bois me depart.
Viens attendre les tiens dans ma sombre demeure.
Tu les verras icy paroistre dans une heure.
De ta pieuse crainte ils pourront t’alleger.
Chacun d’eux de ce faix te pourra soulager.
Aurele se courbant passe en la grote obscure.
Il admire le roc tapissé de verdure ;
Le lit basty de joncs ; et sur un siege bas,
De fruits et de pain noir, fait un sobre repas.
D’une source prochaine il boit l’onde naissante,
Dans le creux recourbé d’une conque luisante.
Vers la bouche de l’antre il retourne parfois
Jetter ses yeux ravis sur le divin harnois.