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Dans ces discours divers il s’engage sans cesse :
Par l’un se veut sauver d’un autre qui le presse ;
Et pour se dégager de ce trouble profond,
Cent fois il s’évertuë, et cent fois se confond.
Ainsi, lors que Leandre, en une nuit funeste,
Guidé du cher flambeau brillant au bord de Seste,
Avec ses bras lassez d’efforts continuels,
De l’Hellespont émeû luttoit les flots cruels ;
Apres avoir dompté, d’une ardeur vehemente,
Le redoutable assaut d’une vague écumante,
D’une autre en mesme temps l’estouffante rigueur,
Abbatoit son espoir, et domptoit sa vigueur.
Aurele cependant deux fois franchit la Seine,
Pres des bords habitez par Catulle romaine,
(Chatoul en prit le nom) et pres du beau sejour
Où nostre cher monarque a veû son premier jour :
Dans la sombre forest impatient arrive ;
Tourne de toutes parts la prunelle attentive,
Desirant que le saint se presente à ses yeux,
Qui doit charger ses mains du grand present des cieux.
Enfin il void paroistre un vieillard solitaire,
D’un venerable port, d’un front doux et severe.
Son éclat est divin ; et d’un humble bureau
Il porte à rudes poils sa robbe et son manteau.
Vien, luy dit-il de loin : je t’attends, sage Aurele,
Pour donner un grand prix à ton espoir fidele.