Page:Desmarets - Clovis ou la France Chrétienne.djvu/213

Cette page n’a pas encore été corrigée

Il faut qu’en plus grands maux mon esprit se soustienne.
Ma honte est d’avoir veû qu’elle a perdu la sienne.
Il va vers le palais, feignant un œil plus doux ;
Et sous un front serein couvre un aspre courroux.
Ainsi quand l’air trompeur, meditant des orages,
De mille ondes d’argent pommelle ses nuages ;
Bien qu’il plaise aux regards, le pasteur deffiant
Ne fonde nul labeur sur le calme riant.
Clovis s’enferme ; et lors ses flames offensées
Font une guerre ouverte à ses tristes pensées.
A ses vives douleurs il rend la liberté.
De Clotilde en son cœur il cherit la beauté.
Tousjours il sent regner ses attraits et ses charmes ;
Et contr’eux le dépit a de trop foibles armes.
Quoy ? Clotilde, dit-il, a changé son ardeur ;
A quitté sa constance ; a perdu sa pudeur ?
Prodigue son renom ? Et d’une rage prompte,
Elle mesme a le front de publier sa honte ?
D’où viennent ses mespris, son oubly, sa fureur ;
Et ce trait insolent dont je fremis d’horreur ?
Une vertu parfaite, et d’honneur couronnée,
En honte, en impudence, en crime s’est tournée ?
Helas ! Par quelle offense ay-je peû meriter
Qu’une juste douleur l’émût à me quitter ?
Quoy ? Sigismond absent triomphe de ma flame,
L’arrache de mon lit, m’arrache de son ame ?