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Clovis, des dieux menteurs adorant les images,
Est sujet aux demons, qui sous de faux visages
Trompent ses foibles sens, soûmis à leur pouvoir.
Clotilde, en son dieu seul a placé son espoir,
Et d’un cœur patient est encor prés du Rhône.
Mais pour remplir du prince et la couche et le trône,
Albione, sur soy, par des charmes puissans,
De Clotilde a fait voir les charmes innocens.
Le prince amy des bois, qui dans Vauge domine,
N’agueres de son sang luy contoit l’origine ;
Que sa mere guerriere estoit fille d’Artus,
Ce roy dont l’Angleterre adoroit les vertus :
Qu’Artus fut enfanté d’Ygerne la vaillante,
Dont Pandragon trompa la garde surveillante,
Ayant, par le secours de Merlin l’enchanteur,
Emprunté de l’espoux le visage menteur.
A ce flateur recit, l’amoureuse Albione
A semblable dessein aussi-tost s’abandonne ;
Et par l’art des demons, dans les sombres forests,
De la belle Clotilde emprunte les attraits ;
Certaine que Clovis en a l’ame blessée ;
Et n’en pourroit jamais arracher sa pensée.
Elle a conceû de luy, sous ce front mensonger,
Un fils qu’avec les siens on verra partager.
Puis qu’au roy devoit naistre un fruit illegitime,
Le ciel juste a voulu qu’il luy nasquit sans crime.