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Aurele void, confus, l’effet mysterieux,
Que le cierge est des vents tousjours victorieux.
Elle leve la teste. Approche, dit la sainte.
Approche, sage Aurele ; et dissipe ta crainte.
Le guerrier part soudain, d’un pas respectueux :
Admire, en s’avançant, son front majestueux ;
Puis l’honore à genoux. La vierge le releve.
Tu blesses la pudeur de l’humble Genevieve,
Dit-elle. Escoute-moy. Des celestes decrets
Je vay te découvrir les merveilleux secrets.
Nanterre me nourrit, la bourgade voisine.
Je sçay par le secours de la grace divine,
Qu’un prelat t’a predit, que le ciel par ma voix
Gueriroit tes douleurs, en te donnant ses loix.
Un ange lumineux m’a paru dans mes veilles ;
Sa voix m’a revelé d’estonnantes merveilles :
M’a donné l’ordre expres de me rendre en ce lieu,
Pour te les annoncer de la part du grand dieu :
Et pour marque, m’a dit, qu’une cire allumée,
Malgré des noirs enfers la rage envenimée,
Et malgré tous les vents, émeûs par ces climats,
M’ayderoit parmy l’ombre à conduire mes pas.
Aurele, écoute donc, et grave en ta memoire
Des celestes faveurs la sainte et noble histoire.
Alors de voix plus forte, et d’yeux plus éclairez,
Elle ouvre ainsi sa bouche aux oracles sacrez.