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Quand de son long sommeil Aurele se réveille ;
S’estonne ; est attentif de l’œil et de l’oreille :
Entend le bruit des eaux, son cheval hannissant,
Et libre de son mords de l’herbe se paissant :
Et les vents orageux, bien qu’en la nuit sereine,
Dont les espics legers s’émeuvent dans la plaine ;
Et dont le chef des pins rudement agité,
Donne une horreur nouvelle au bocage écarté.
Le sort du jour passé renaist dans sa memoire.
Une vive clarté, regnant dans l’ombre noire,
Comme un astre tombé, par les sillons roulant,
S’avance peu-à-peu, sans cesse estincellant.
Quand le lion celeste à la terre enflammée,
De nuit une vapeur ainsi court allumée,
Et traisne l’égaré dans les perils de l’eau,
Trompé du faux secours de ce traistre flambeau.
Lors il oyt d’un troupeau la voix trop matineuse :
Puis paroist une vierge, et douce, et lumineuse.
Un grand cierge l’éclaire : elle semble à l’envy
Respandre une splendeur dont Aurele est ravy.
Elle arreste ses pas ; s’assit sur la verdure.
Ses brebis, de la levre attaignent l’onde pure :
Puis tondent l’herbe fraische ; et vaguent tout autour,
Où le cierge et la sainte assez donnent de jour.
A la belle clarté de la flambante cire,
Elle lit, elle prie, et devote soupire.