Page:Desmarets - Clovis ou la France Chrétienne.djvu/196

Cette page n’a pas encore été corrigée

Où dans les bois secrets de sa natale terre,
Il ressuyoit souvent les sueurs de la guerre ;
Vers ce noble Plessis, de deux fleuves enclos,
Où l’Oise dans la Seine abysme tous ses flots ;
Et de qui la fortune est encor plus heureuse,
Que de là prit son nom sa race valeureuse.
Loin derriere ses pas deux escuyers discrets
Le laissent consulter tous ses pensers secrets.
De la Seine tortuë il passe l’onde claire,
Et le vineux Suresne, et le mont de Valere.
Il découvre à main gauche un vallon sombre et frais,
Couvert d’ormes, de pins, de chesnes, de cypres ;
Sous qui, parmy les fleurs, et les herbes naissantes,
Sourdoient à flots d’argent cent sources jallissantes.
O ! Beau desert, dit-il, ô ! Bois delicieux,
Est-ce icy que mes pas sont conduits par les cieux ?
Il descend du coursier ; l’attache en une ormoye :
Charge ses escuyers de poursuivre leur voye :
Puis choisit un ruisseau, qui d’un murmure doux
Serpentoit sur le sable, et lavoit les cailloux :
Se couche sur le bord, peint d’un riant herbage,
Qu’un sycomore épais couvroit d’un noir ombrage.
Contre l’arbre il s’appuye ; et joignant les deux mains,
Réveille ses pensers, à luy-mesme inhumains.
Il s’addresse en soûpirs au ciel, sa seule attente,
Qu’entr’ouvroit à ses yeux la feüille tremblotante.