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La princesse ressent un tourment indomptable.
Sa blessure visible est la moins redoutable.
Et Lisois est à plaindre, en ses soins assidus,
En sa flame inutile, en tous ses pas perdus.
Il se promet en vain un heur incomparable,
Sur ses devoirs receûs d’un regard favorable.
Yoland, dont le cœur n’est plus en son pouvoir,
N’ayant rien à donner, est prodigue d’espoir.
Tous deux cachent leur peine, et l’ardeur qui les dompte ;
Lisois par le respect, Yoland par la honte.
Elle void à regret le roy victorieux,
Qui souvent la visite, et d’un soin curieux,
S’enquiert de son païs, de son nom, de sa race ;
Quelle haine a causé sa valeureuse audace.
Par un muët mépris, son œil le rend confus.
Elle sent quelque joye à luy faire un refus ;
Et reçoit, au deffaut de l’entreprise vaine,
Cette foible vangeance au secours de sa haine.
Le roy sage la laisse au gré de ses desirs.
Sa Clotilde en secret le comble de plaisirs :
Il s’écarte avec elle, aux bois, à la campagne.
Aurele, malgré luy, triste les accompagne.
Ah ! Dit-il, inconstante ! Ah ! Trompeuse beauté !
Ah ! Traistresse douceur ! Perfide sainteté !
Ah ! Foy, sur les autels promise et parjurée !
Sexe foible, et changeant comme l’onde azurée !