Page:Desmarets - Clovis ou la France Chrétienne.djvu/193

Cette page n’a pas encore été corrigée

Ainsi le grand Clovis retient son bras vainqueur.
Mais Lisois, qui d’amour se consumoit le cœur,
Et durant le combat, pasle de mille craintes,
Pour elle des grands coups ressentoit les attaintes,
D’un soin officieux vient pour la secourir.
Vers elle on void encor ses suivantes courir.
On détache son casque : on la trouve pasmée,
Blesme, froide, sans poux, la paupiere fermée.
Lisois court au ruisseau, d’un pas soigneux et prompt :
Mais en vain l’onde fraische arrose son beau front.
Lors le feint chevalier est émeû de tendresse,
Du theatre s’élance, et court vers la princesse ;
Luy donne des baisers, tesmoins de sa douleur ;
Et tasche à r’appeller sa vermeille couleur.
Argine enfin découvre à la troupé éplorée,
D’une humide rougeur la tresse colorée.
Les suivantes soudain, cherchant d’un soin égal,
Vont, par le cours du sang, à la source du mal.
De la cheûte ou du coup la teste est offensée.
On porte chez Lisois la guerriere blessée.
Triste il la considere ; et detestant le sort,
Doute de ce beau corps, s’il est vivant, ou mort.
De ses soins il l’assiste ; et l’espoir le console,
Voyant le poux revivre, et l’œil, et la parole.
D’un cruel trait d’amour l’un et l’autre frapé,
En des pensers divers à l’esprit occupé.