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Elle sent dans ses yeux flamber mainte estincelle :
Mais sa fureur luy donne une force nouvelle.
Sur le prince elle jette un regard vigilant ;
Et void son fer brisé par le coup violent,
Dont les morceaux épars brillent sur la verdure.
Elle frape deux coups sur la cuirasse dure ;
En fait jallir la flame ; en fait sauter les cloux ;
Et sent naistre l’espoir impatient et doux,
D’une gloire à ses vœux par le ciel accordée :
Mais d’une forte main, d’un bel art secondée,
Clovis, par le secours du tronçon deffenseur,
Hardy passe à l’épée, et s’en rend possesseur.
En vain du gantelet elle pare sans cesse,
Contre son propre fer, dont la pointe la presse.
Elle perd tous les sens, de rage et de douleur.
Elle tombe ; et le prince arrestant sa valeur,
Semble dire, en sentant sa vangeance endormie,
Que n’est-ce un ennemy, plustost qu’une ennemie ?
Comme dans l’armenie, en ses monts sablonneux,
Une panthere sort de son antre épineux.
Qui pour un fan perdu fierement irritée,
Ne sçait sur qui vanger sa fureur indomptée ;
Jette l’œil embrazé sur un lion passant ;
L’attaque en son transport, de sa perte innocent :
Et ce roy des forests, d’un superbe courage,
Pardonne à ses efforts, et dédaigne sa rage.