Page:Desmarets - Clovis ou la France Chrétienne.djvu/185

Cette page n’a pas encore été corrigée

Clovis, sur un theatre ombragé de lauriers,
Jugeoit plein de repos les coups de ses guerriers,
Prés du feint chevalier d’une beauté supréme,
Dont l’habit emprunté trompe son sexe mesme,
Qui sur ses traits charmans jette les yeux ravis.
Lantilde et Blanche-Fleur, nobles sœurs de Clovis,
Admiroient les combas, prés du monarque assises :
Toutes deux d’un front grave, et toutes deux promises,
L’une aux autels chrestiens, l’autre au sage Thierry,
Dans Rome dominant l’ostrogoth aguerry :
Quand Yoland paroist au bout de la carriere,
Des deux nymphes suivie, et dont la teste fiere,
Du casque dépouillée, aux beaux cheveux épars,
Elance vers Clovis d’impetueux regards.
Tous les yeux à l’envy soudain volent sur elle.
Tous admirent sa grace, et sa taille si belle.
Entre tous le grand cœur du valeureux Lisois,
Frapé d’un trait perçant est dé-ja sous ses loix.
Vers l’aimable guerriere amoureux il s’avance ;
Et s’offre à ses desirs pour briser une lance.
Argine au cœur ardent, s’oppose à son bon-heur ;
Et soustient qu’à son sexe est dû ce grand honneur.
Quoy que Lisois allegue, et qu’Argine pretende,
Un seul refus confond l’une et l’autre demande.
C’est, dit-elle en haussant le clair son de sa voix,
Contre le seul Clovis que je veux rompre un bois.