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Hé bien, qu’il soit tousjours l’object de ma pensée :
Mais un object de haine, et de rage insensée.
Il faut changer de feu. Pour l’amour, la fureur.
N’estant plus mon desir, tu seras mon horreur.
Si par le desespoir ma flame est outragée,
Par la haine du moins je la rendray vangée.
Puis que mes yeux n’ont peû te donner de l’amour,
Je laveray leur honte, en te privant du jour.
Miroir, ne m’offre plus mes beautez admirées,
De mille vœux ardens vainement adorées :
Puis que parmy les cœurs que leurs traits ont ravis,
Elles n’ont pû compter le grand cœur de Clovis.
O ! Vaillant Armaric, ô ! Beau Viridomare,
Princes, que loin de moy mon seul orgueil separe,
Clovis, sans y penser, vange vostre malheur ;
Et me fait bien sentir vostre mesme douleur.
Quoy, mes yeux impuissans, vous respandez des larmes ?
O ! Honte ! Il faut vanger ces larmes par les armes.
Oüy, sa mort guerira mon courage blessé ;
Et pour payer ces pleurs, son sang sera versé.
Chasse, chasse, Yoland, ton esperance vaine.
Amour, sors de mon ame, et fay place à la haine.
Mes yeux à tant d’amans ont donné le trépas.
Ma main doit le donner à qui ne m’aime pas.
Soudain du grand miroir son poing brise la glace.
Elle arme son beau sein d’une dure cuirasse,