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L’estranger se tient ferme, et dans soy ramassé.
Mais le prince ubien, à ce coup renversé,
Tombe dans la prairie ; et sur l’émail des herbes
Fait briller l’or bruny de ses armes superbes.
Du sinistre succés le roy triste et confus,
Honteux que nul des siens ne se presente plus,
Demande son harnois, et sa rougeur éclate.
L’incognu desarmant une main delicate,
Entr’ouvre sa visiere aux accens de sa voix.
Puis s’avançant luy parle. ô ! Le plus grand des rois,
Cesse de t’animer : que ton cœur se contienne ;
Et recognois la main qui toucha dans la tienne.
Par les yeux, dit Clovis, je cognoistray la main.
Le guerrier à l’écart le détournant soudain,
Découvre à ses regards un heur incomparable,
De Clotilde monstrant le visage adorable.
Le monarque surpris d’un violent plaisir,
Et par l’estonnement rallumant son desir,
L’embrasse en son transport. Quoy, dit-il, ma princesse,
A tes graces tu joins tant de force et d’addresse ?
Il suffit à tes yeux de m’avoir abbatu,
Sans y mesler encor ta guerriere vertu.
Dy moy comment du Rhône es tu donc échapée ?
Et comment du tyran la garde fut trompée ?
Mon roy, dit-elle, esteins ton curieux soucy.
De tout en lieu secret tu seras éclaircy.