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Dans le double tourment qui l’agite et la presse,
Dit se levant soudain : cesse, Sigismond, cesse
De nourrir ton espoir, et de te consumer.
Je ne te puis haïr ; je ne te puis aimer.
Puis elle se détourne, et le laisse, et s’enferme.
Le prince malheureux, et reduit à ce terme,
Tombe froid et pasmé dans le sein fraternel.
Ses yeux semblent fermez d’un sommeil eternel.
Aux larmes, aux sanglots, Gondomar s’abandonne.
Une muëtte horreur tous deux les environne.
Le prince ouvrant les yeux, à regret void le jour ;
Puis tourne un regard foible, et cherche son amour.
Mais ne la trouvant plus, le dépit, et la rage,
Et ses feux irritez, raniment son courage.
Il perd, avec l’espoir, l’art de dissimuler :
Son ardente fureur le force de parler.
Quoy donc je souffriray qu’un payen, qu’un barbare,
L’enleve, et de mes yeux pour jamais la separe ?
Un voleur estranger, un traistre audacieux,
Sans peine, sans combat, avec ses foibles dieux,
L’arrachant de mes mains pour en parer son trône,
Enrichira la Seine à la honte du Rhône ?
Plustost en ma faveur, de cent climats divers,
Je vay faire sur luy fondre tout l’univers.
Je previendray le rapt que fier il se propose.
Ilion fut en feux pour une moindre cause.