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Et si ton ame sage, et constamment chrestienne,
Plustost ne devroit pas s’unir avec la mienne,
Qu’avec celle d’un franc, qui parfume d’encens,
Au mépris du vray dieu, des marbres impuissans.
Qui jurant qu’en son cœur l’erreur est assoupie,
Dans ce pieux propos fait voir son ame impie ;
Puis que pour un desir, abandonnant ses dieux,
Sans doute, il ne croit pas qu’il en soit dans les cieux :
Et d’un esprit leger pour tout ce qu’il adore,
De mesme il sera prest à te quitter encore.
Dédaigne ce profane. En moy, princesse, en moy,
Tu trouves ta patrie, et ton sang, et ta loy ;
Un immuable amant, qui t’adore et qui t’aime,
Non par un vain rapport, mais par ta beauté mesme.
Qui presque avec le lait a succé ton amour ;
Qui depuis vid son feu croistre de jour en jour,
Dont la grandeur constante, à toy seule asservie,
Ne peut avoir pour fin que celle de ma vie.
Clotilde luy respond ; j’atteste comme toy
Ce dieu crucifié, le seul en qui je croy,
Que j’aime ta valeur ; j’aime ton cœur qui m’aime,
Ta grace, et tes vertus dignes du diadéme :
Mais consultant mon cœur, quoy que doux et chrestien,
J’abhorre en toy le sang qui respandit le mien.
Alors que je te voy, je voy la hache fiere,
De l’autheur de mes jours execrable meurtriere :