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Donc, luy dit Sigismond, si ta chere amitié
Te fait sentir ma peine, et t’émeut à pitié,
Avant le triste arrest obtiens qu’elle m’écoute.
Parle à ce cœur de fer : tu l’obtiendras sans doute.
Car ton humeur luy plaist : tu scais ses doux momens ;
Et ce qui peut flater ses cruels mouvemens.
Gondomar suit son ordre ; et saisi de tristesse,
S’en va vers le sejour de la belle princesse :
La trouve en sa retraite, embrassant une croix.
Par ce roy, luy dit-il, sous qui tremblent les roys,
Je demande à Clotilde un moment favorable,
Pour écouter mon frere, en son sort déplorable.
Je l’accorde, dit-elle, et le veux écouter
Devant ce mesme roy qui vint nous racheter.
Il retourne content, bien qu’à peine il espere ;
Et d’un leger espoir tasche à flater son frere.
Il le meine ; et le prince, à ce divin aspect,
Est pasle, et tout tremblant d’amour et de respect ;
Met un genoüil en terre ; et son triste silence
De sa vive douleur monstre la violence.
Recueille, Sigismond, ton esprit éperdu,
Dit-elle : c’est à Dieu que cet honneur est deû.
Je l’atteste, dit-il, en te faisant ma plainte,
Si brulant par tes yeux d’une flame si sainte,
Mes vœux ne doivent pas estre plustost permis,
Que ceux d’un estranger aux idoles soûmis ;