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Les françois irritez au depart se preparent :
Et pour dernier effort impatiens déclarent,
Sans plus prester l’oreille au bourguignon confus,
Qu’un delay d’une nuit tiendra lieu de refus.
Gondebaut roule en vain des ruses dans son ame,
Quand de son artifice il void manquer la trame.
Il consent à l’accord, si le roy des françois
Veut quitter les faux dieux, et reverer la croix.
Aurele donne alors la royale parole,
Que Clovis suivra Christ, et laissera l’idole.
Le monarque trompeur, d’un tel propos surpris,
Et du coup impreveû qui troubloit ses esprits ;
Dans un jour j’apprendray, dit-il, si la princesse
Veut engager sa foy sous la sainte promesse.
Aurele satisfait, de Clotilde asseuré,
Et vainqueur de l’enfer contre luy conjuré,
Rend graces dans sa joye à la bonté divine,
Voyant que vers la fin son labeur s’achemine.
Sigismond cependant tremble, et commence à voir
Qu’au bord du precipice est reduit son espoir.
Il va de tous costez, incertain dans sa voye,
S’abandonne aux douleurs, en ses larmes se noye ;
Et souffrant de l’amour les plus grandes rigueurs,
De pitié dans Vienne afflige tous les cœurs.
Gondomar à son mal en vain cherche des charmes ;
Et mesle tendrement des larmes à ses larmes.