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Leurs yeux dé-ja brilloient d’une ardeur excessive,
Respirant les combas, quand Amalberge arrive.
Sa belle troupe éclate, et s’avance avec bruit :
Et sur toutes paroist Clotilde qui la suit,
Couvrant d’un front modeste une haine cachée,
Malgré son ame sainte, à son sang attachée :
Telle que luit la lune, et plus brillante encor,
Quand pompeuse elle regne entre mille astres d’or ;
Et d’un teint rougissant, presage les tempestes
Qui briseront des pins les orgueilleuses testes.
Cette douce beauté cause de la terreur.
Le fils fremit d’amour, et le pere d’horreur.
L’un l’aime et la redoute ; et l’autre croit encore
Voir ses parens hideux, dont l’aspect le devore.
Il apperçoit son mal sous ces vives couleurs,
Comme un serpent caché sous les plus belles fleurs,
Qui sifle, et fait grincer la dent envenimée
Par qui sera bien-tost sa trame consumée.
Il s’émeut, il paslit ; et d’un geste forcé
Renferme le tourment dont il est oppressé.
Un bref discours se passe en douceurs déguisées,
En regards mesurez, en paroles pesées ;
Et dans un pas estroit l’un et l’autre engagé,
Sent son cœur, au depart, d’un grand faix soulagé.
Sigismond du respect souffre la dure chaisne,
N’osant suivre son cœur que sa princesse entraisne ;