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Quel bras retint ma main non encore assouvie ;
Et reserva le fer qui doit trancher ma vie ?
Que mon roy, dit Irier, n’afflige point son cœur.
Sa prudente justice éclata sans rigueur.
S’il eut fait de Clotilde un sanglant sacrifice,
La rigueur eut regné, mais non pas la justice.
Equitable il suivit les loix du tout-puissant,
Qui punit le coupable, et sauve l’innocent.
Son esprit agité forge ces réveries ;
Et luy forme en dormant des spectres, des furies.
Je veillois, dit le prince ; et mon trouble ennuyeux
N’avoit permis encor nul sommeil à mes yeux.
Son front frapa ma veüe ; et sa voix, mes oreilles.
Dans les tristes langueurs des ombres et des veilles,
Repart le sage Irier, quand l’ame a du tourment,
La fantaisie embrasse un penser vehement,
Conçoit, et nous fait voir l’image qu’elle enfante,
Qui ressemble au penser, et nous paroist vivante.
De la seule raison recherchons le secours.
Rien des armes du franc n’arrestera le cours.
Que tu livres Clotilde, ou que tu la refuses,
Mesme peril t’attend, et confond toutes ruses.
Si d’un cruel refus tu pretens l’outrager,
Son camp sur ta frontiere est prest pour le vanger.
Si tu veux la livrer, que ton cœur delibere
D’armer, ou de livrer l’heritage du pere.