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Doit-il dire son mal ? Ou doit-il le celer ?
L’horreur de son forfait l’empesche d’en parler.
Un songe m’a troublé, dit-il, et j’en frissonne.
Veillez autour de moy : que nul ne m’abandonne.
Il tremble ; et la sueur luy decoule du front.
L’un le tient : l’autre court d’un pas soigneux et prompt.
Soudain le feu flambant, et la cire brulante,
Adoucissent l’effroy de son ame tremblante.
Il croit revoir la vie, en voyant la clarté.
Son regard peu-à-peu r’allentit sa fierté.
Sur l’un son chef humide avec langueur s’appüie,
Tandis que par le feu sa sueur se ressüie.
La nuit se passe en crainte ; et l’aube de retour
Arrive à son souhait, et rallume le jour.
Irier, le confident, sage, adroit et fidele,
Au bruit de sa frayeur accourt remply de zele.
Amy, dit Gondebaut encor pasle et tremblant,
J’ay veu de Chilperic le corps froid et sanglant.
De l’espoux de Clotilde horrible il me menace.
Je devois estouffer tout le sang de sa race.
Pourquoy de ma fureur fis-je cesser le feu ?
Ah ! Je fus trop cruel, ou je le fus trop peu.
Les morts me font la guerre avec leur face blesme.
J’armeray les vivans encor contre moy mesme.
Je crains le sang versé, qui m’appelle au trépas :
Mais je crains plus le sang que je ne versay pas.