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Colore les refus : fay que leur roy dédaigne
Un prince qui de Christ n’adore point l’enseigne.
Toy, de qui les autels fument de tant de sang,
Qui sous tes dieux trompeurs tiens encore le franc ;
Par honneur, par plaisir, par magiques paroles,
Attache le guerrier à ses vaines idoles.
Et toy, demon de feu, qui sous le nom d’amour
Remplis de tant de maux le terrestre sejour,
Sous qui tombent par jour tant de cœurs tes victimes,
Qui de tant de douceurs assaisonnes les crimes,
De l’amour de Clovis, avec ton trait brulant,
Va blesser Albione, et la fiere Yoland ;
Et fay que toutes deux, pour guerir leur blessure,
Osent tout ce que peut et l’art et la nature.
Alors, comme des vents sous la terre enfantez,
Sortent par un débris de monts ou de citez ;
Puis souflent par les airs une haleine empestée,
Et versent les moissons d’une rage indomptée :
Ainsi ces noirs esprits, malicieux et prompts,
Partent pleins de fureur des abysmes profonds,
Pour renverser les cœurs des redoutables princes,
Corrompre leurs conseils, et perdre leurs provinces.
Clotilde, dans l’enclos d’une sainte maison,
Void Aurele en secret, luy dit la trahison
Du jour qu’on leur fit boire une onde ensorcellée,
Dont luy fut par le ciel la fourbe revelée ;