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O ! Jugemens legers des testes du vulgaire !
Leur roy fait en secret un jugement contraire.
Clotilde mille fois benit cet heureux jour ;
Et son cœur sent la joye, et la crainte, et l’amour.
Sigismond allarmé sent émouvoir son ame,
Craignant le coup fatal que redoute sa flame.
Ceux qui d’une foy pure embrassent Jesus-Christ,
Au ciel lévent les mains, et les yeux, et l’esprit ;
Presentent mille vœux aux autels adorables ;
Baisent des saints martyrs les tombes venerables ;
Afin que Dieu benisse un nœud qui sous la croix
Doit ranger tout l’estat des valeureux françois.
Le monarque eternel accorde leurs demandes :
Des bien-heureux esprits les lumineuses bandes
Font de joye éclater leurs chants delicieux ;
Et mille doux concerts resonnent dans les cieux.
Mais dans les creux enfers tout boüillonne de rage,
Voyant sur leur pouvoir fondre un fatal orage.
De blasphemes, de cris, d’horribles hurlemens,
Du tenebreux palais tremblent les fondemens.
Un bruit regne confus aux cachots de l’Averne.
Tous sortent en fureur de leur sombre caverne,
Comme d’un toit brûlant on void sortir des feux,
Rouges, environnez d’un tourbillon fumeux.
Tous prés du trône affreux s’assemblent en tumulte ;
Et le grand Lucifer en trouble les consulte :