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De nous, commença-telle, un grand lion doit naistre ;
Un roy, des champs gaulois le dompteur et le maistre.
De son sang sortiront des fils avanturiers,
Tels que des leopards, et hardis et guerriers.
Leurs neveux acharnez se raviront leurs terres ;
Et des ours et des loups imiteront les guerres.
Leurs foibles descendans, du repos amoureux,
Tomberont sous le fer d’un prince valeureux,
Qui comme un fier dragon, dressant sa haute creste,
Apres cent beaux exploits, couronnera sa teste.
Ses enfans regiront, comme dragons nouveaux,
L’empire où le soleil s’abysme dans les eaux.
Leur suite déclinant de cette ardeur guerriere,
Par un aigle perdra le sceptre et la lumiere ;
Par un prince celeste, et puissant, et pieux,
Suivy de fils vaillans, sages, religieux,
Dont la race en guerriers heureusement feconde,
Sur un trône éternel doit regir tout le monde.
Childeric estonné de ses grands successeurs,
Dans les siecles futurs va chercher des douceurs.
Son ame de leurs faits est ravie et jalouse :
Et sa bouche rend grace à la sçavante espouse.
Soudain s’épand le bruit que les traistres saxons
Des champs voisins de Blois emportoient les moissons.
Childeric les combat sur les bords de la Loire ;
Et jusques dans Angers va pousser sa victoire.