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Il part : son camp leger marche en se grossissant,
Comme un monceau neigeux, qui des Alpes descend.
A ce bruit foudroyant Egide se réveille ;
Et Guyemans le trouble, alors qu’il le conseille.
Il ramasse à l’instant francs, romains et gaulois.
Childeric le combat ; met sa force aux abois.
Le patrice vaincu dans Soissons se renferme.
Bisine, de ses vœux void enfin le doux terme :
Vers son amant remis au trône paternel,
Vient pompeuse, et se joint d’un lien solemnel.
Aux francs comme aux espoux la joye en est égale.
Tous ayment à le voir sous la loy conjugale.
Au soir l’heureux monarque à la couche est conduit.
Va, dit-elle, au balcon : sois chaste cette nuit :
Et par mon art puissant, de ta race future
Tu verras dans ta court la mystique peinture.
Il void un fort lion jettant de fiers regards :
Il void des ours, des loups, suivans des leopards :
Puis des chiens casaniers qu’un grand dragon devore.
D’autres dragons ailez se presentent encore.
Regarde en haut, dit-elle. Il void un aigle ardent,
Sur le dernier dragon des nuages fondant,
Qui le serre, et s’en paist : puis paroist admirable.
Et d’aigles et d’aiglons une suite innombrable.
Demain tout les destins te seront découverts,
Dit Bisine : et leurs yeux au jour s’estant ouverts ;