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Employe addresse ou force, et r’entre en ton empire.
Lors j’esteindray l’ardeur pour qui ton cœur soupire.
Quel heur inesperé ? Quels sons delicieux ?
D’aise il sent que son cœur s’éleve jusqu’aux cieux.
Sur les mains de sa reyne il se pasme, il se cole :
Et l’excés du plaisir luy ravit la parole.
Elle sort ; et la fievre en peu de jours s’esteint.
Le cinabre vermeil refleurit sur son teint.
Il escorte en tous lieux sa princesse adorable :
Et bénit mille fois son exil favorable.
Guyemans d’autre-part, aux intrigues sçavant,
Donne au simple patrice un conseil decevant :
Luy fait presser d’imposts le françois indocile :
Veut qu’il soit d’œil severe, et d’accés difficile ;
Et pour dompter les cœurs rebelles et mouvans,
Qu’il oste les plus fiers du nombre des vivans.
On deteste un tyran, avare, sanguinaire.
On regrette son roy, liberal, debonnaire ;
Dont la jeunesse ardente, et penchante aux plaisirs,
Auroit peû dans l’exil attiedir ses desirs.
L’amy souffle ce feu, les picque, les anime.
Chacun cherche de vœux son prince legitime.
Il envoye à son roy la part de l’or coupé ;
Signe qu’il peut r’entrer dans l’estat usurpé.
Dans Tongres, Childeric forme une prompte armée,
Où se joint, de françois une troupe animée.