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S’assit pres de l’amant, et luy tient ce discours.
Prince, ne cele plus ton mal, ny tes amours.
Tu brules, Childeric, et d’un feu legitime.
Ouy, sçache que ta flame est exempte de crime.
De ton cœur agité je sçay tous les combas.
Reprens l’espoir ; escoute ; et ne m’interromps pas.
Le roy qui me fit voir la celeste lumiere,
Se connoissant voisin de son heure derniere,
Tira de tes estats Bisin ton sage amy.
Sur son trône avec moy veut le voir affermy,
Pour voir regner son sang avant sa mort prochaine :
Nous lie, et nous remet sa splendeur souveraine.
Je tire à part Bisin, et luy tiens ce propos.
Laissons de ce bon roy sortir l’ame en repos.
Mais pour un autre espoux le ciel m’a destinée.
Je sçay que ma grandeur n’est pas icy bornée.
Prens doncques de mary le titre seulement :
Et lors que me luira mon glorieux moment,
Tout l’estat sera tien : desja je te le donne ;
Et pure je suivray ce que le ciel m’ordonne.
Il consent : le roy meurt. Enfin depuis ce jour
Nul n’a paru que toy digne de mon amour.
Je connois ta valeur : j’aime ta noble mine ;
Et sçay quelle puissance un astre te destine.
Mais attens la saison. Mon cœur seroit soüillé,
De se soumettre au sort d’un prince dépoüillé.