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L’éclat imperieux tous les devoirs opprime ;
Regne, et confond en luy les vertus et le crime.
Il resiste ; il succombe : une jaune langueur
Triomphe des efforts de sa jeune vigueur.
Enfin dans ces combas, une chaleur fievreuse
Mesle ses feux malins à l’ardeur amoureuse.
La reyne vient au lit ; et devant son espoux,
Luy parle, prend sa main, et luy presse le poux.
A l’aimable toucher, l’accés qui se redouble,
Son œil qui tantost brille, et qui tantost se trouble,
Son teint tantost de pourpre, et tantost blemissant,
Et le soufle enflammé, ses poumons oppressant,
Qui sort entre-coupé, quand à peine il respire,
Luy découvrent assez qu’il est sous son empire.
Courage, Childeric, dit-elle, il faut guerir.
J’ay le remede heureux qui te doit secourir.
Je connois les vertus des plantes salutaires ;
Et les cueïlle à la lune, aux vallons solitaires.
Le mal n’est pas mortel, et doit cesser demain.
D’un regard, d’un soupir, d’une estrainte de main,
Où descend un baiser de sa bouche blesmie,
Il respond, et rend grace à sa douce ennemie.
Il sent à son depart l’accés se moderer.
Il espere, et ne sçait ce qu’il doit esperer.
L’autre soleil doroit la cime des montagnes,
Quand Bisine revient, sans espoux, sans compagnes ;