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Les peres, les espoux, dans le cœur outragez,
Des infames affronts veulent estre vangez.
Enfin dans leur honneur le peuple s’interesse.
Puis le juste dépit produit la hardiesse.
Tout se rebelle, s’arme, et s’anime à l’envy ;
Et nul que par sa mort ne peut estre assouvy.
Le prudent Guyemans dit que de la tempeste
Dans la seule Tongrie il peut sauver sa teste :
Luy conseille la fuite ; et devant son depart,
Rompt une piece d’or, en reserve une part,
Remet l’autre en ses mains, et jure qu’au monarque
Le retour sera seur, recevant cette marque.
Le confident, prisé pour ses sages leçons,
Demeure, et ses vertus écartent les soupçons.
Il conseille aux mutins, se feignant leur complice,
Qu’au trône de leur prince ils placent le patrice ;
Qui par son grand suffrage appellé dans ce rang,
Use de ses conseils, et gourmande le franc.
Guyemans prevoyoit que la haine publique
S’esteindroit par l’essay d’une humeur tyrannique.
Cependant Childeric, d’un coursier diligent
Ayant passé la Marne, et l’Aisne aux flots d’argent,
Touchoit les champs tongrois, vers la part où la Meuse
En costoyant le Rhein, long-temps coule douteuse
Si de ce puissant fleuve agréant les amours,
Elle doit épouser et son lit et son cours ;