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Luy joignant Guyemans, confident esprouvé,
Qui passant le Danube, adroit avoit sauvé
Des barbares prisons Childeric et sa mere,
Enlevez par les huns quand le sort fut contraire.
Lassé de Mars j’aspire aux douceurs de la paix.
J’habite l’Austrasie aux bois les plus épais.
Là je consacre un temple à ce puissant Mercure,
Qui m’ouvre les clartez d’une science obscure :
Qui m’apprend loin du bruit les secrets curieux
Des enfers, de la mer, de la terre, et des cieux ;
Et de tant de faveurs accompagne ma vie,
Qu’à nul roy des mortels elle ne porte envie.
Cependant le saxon, de ses voisins suivy
Que l’Elbe et le Vezer abbreuvent à l’envy,
Pour chercher d’autres champs à leurs races fecondes,
Fendoit de mille nefs les germaniques ondes.
Albion d’une troupe assouvit la fureur.
L’autre, aux bouches de Loire allumant la terreur,
Desja domptoit ses flots, à voiles estenduës ;
Desja pilloit ses champs, à bandes épanduës.
D’autre-part les bretons, peuples hardis et forts,
De la belle Armorique occupoient tous les bords :
Et desja détruisoient, vagans par la campagne,
Ses villes et son nom, et l’appelloient Bretagne,
Quand le fier Childeric, d’un sang jeune et boüillant,
Court aux rives de Loire avec un camp vaillant.