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Contre ce fier torrent tout le reste s’unit.
Flambert qui craint le choc, dans Cambray se munit.
Alors pour le sauver du fer qui le menace,
J’amasse les germains, j’endosse la cuirasse.
Le belge, l’ubien, le tongre, le danois,
Me suit, et je suis chef des armes de cinq rois.
Desja ma jeune ardeur donne à tous l’esperance ;
Et jusques dans Cambray va semer l’asseurance.
Le franc, seur dans son camp, en détache une part ;
Et contre mon abbord veut s’en faire un rampart :
Me prepare une embusche ; et de troupes nombreuses
Remplit les noirs vallons des Ardennes ombreuses.
Je découvre leur piege ; et prompt les enfonçant,
De vingt mille guerriers j’en laisse à peine cent,
Qui portent à Cambray la nouvelle sanglante,
Et consolent Flambert en sa ville tremblante.
Un lustre se consume en combas furieux.
Nous sommes tour à tour vaincus, victorieux :
Puis il pousse mon camp jusqu’aux bords de la Sambre.
Cependant s’écouloit un pluvieux decembre,
Sans voir, depuis neuf ans que durerent nos maux,
Nul fruit de tant de sang, et de nos longs travaux.
Les forces qui restoient des legions romaines,
Des françois, sous egide, écornoient les domaines :
Et ce patrice adroit, seul avec peu d’efforts
Moissonnoit tous les fruits de nos aspres discords.