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A peine sur le bord s’élevoit le monarque,
Qu’il entend de grands cris, et découvre une barque,
Dont le nocher pleurant, et les pasles rameurs,
Cherchoient le corps du roy, fendant l’air de clameurs.
Le prince les appelle ; et cette voix connuë
Fait que d’un cry de joye ils attaignent la nuë.
La barque les reçoit, et les remeine au bord.
Chacun, pour les revoir, se presse à leur abord.
L’un raconte sa peur ; l’autre accourt ; l’autre tremble,
Coupable de sa fuite ; et chacun se r’assemble.
Plusieurs furent en vain cherchez par tous ces bords,
Dont le monstre ou la mer engloutirent les corps.
Le roy dans son palais conduit l’epouse aimable.
Alors la renommée, ou fausse, ou veritable,
Respand, qu’un dieu surpris de la rare beauté,
Sous ce taureau marin couvrit sa deïté :
Et le fils qui nasquit dans la neufiesme lune,
Fut reveré des francs, comme fils de Neptune.
Ce fils fut Meroüée : et dans cinq ans apres,
Au chasteau de Disparg, couronné de forests,
Parut le second fils de la vaillante reine,
Flambert, de Clodion la race plus certaine.
Quand le preux conquerant fut receû dans les cieux,
L’aisné prend les estats, guerrier ambitieux :
Et son avide ardeur non encore assouvie,
Au malheureux Flambert laisse à peine la vie.