Page:Desmarets - Clovis ou la France Chrétienne.djvu/129

Cette page n’a pas encore été corrigée

Sans donner à ses bras un moment de repos,
Et presque sans espoir, il lutte en vain les flots.
Ildegonde est en vain par sa voix appellée.
Sa bouche, en l’appellant, hume l’onde salée.
Quels furent ses regrets, ses soupirs, ses efforts ?
Ah ! Monstre, as-tu, dit-il, englouty ce beau corps ?
Sa force succomboit, quand le nuage s’ouvre ;
Et rien qu’une ample mer son regard ne découvre.
Ildegonde, dit-il pour la derniere fois.
Ildegonde, respond une plus foible voix.
Mais c’est sa mesme voix qu’une roche repousse.
Il s’avance : il entend l’accent d’une voix douce.
Est-ce vous, Clodion ? Clodion, est-ce vous ?
Venez à moy, mon prince : à moy, mon cher espoux.
A cette aimable voix, son grand cœur se r’anime.
Il nage vers le roc, d’un transport magnanime :
Et doublant une pointe avec un prompt effort,
Dans le roc void un antre, et sa princesse au bord,
Qui sent par la surprise une joye excessive,
Et qui luy tend les bras, et contente et craintive.
Telle, pour expier le maternel orgueil,
Parut sur le sommet du rigoureux écueil,
Au guerrier qui portoit la Gorgone en trophée,
La fille que pleuroient Cassiope et Cephée.
Ildegonde s’avance ; et de ses belles mains
Tire son noble espoux des goufres inhumains.