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Et pour en mieux comprendre et la source et le cours,
Je dois par nostre ayeul commencer mon discours.
Le vaillant Clodion, en la saison brulante,
Pour esteindre en nageant la chaleur violente,
Du Belgique rivage alloit chercher les flots,
Quand il entend de loin un cry de matelots ;
Et poussant son coursier, void à voile tenduë
Un vaisseau qui portoit son espouse attenduë,
Fille du roy danois, dont la noble beauté,
Les charmes du discours, l’agreable fierté,
Et l’addresse, et la force en ses forests acquise,
Avoient par leur renom captivé sa franchise.
Elle est sur le tillac ; on void sa tresse au vent ;
Et sa juppe ondoyante, aux zephirs s’émouvant.
La nef qui craint le sable, à la rade s’arreste ;
Et tandis que l’esquif trop lentement s’appreste,
Le roy pique vers elle, en sa nouvelle ardeur ;
Sans redouter des eaux la haute profondeur.
Il s’avance, il s’engage, il s’abbaisse dans l’onde ;
Et presque il s’abysmoit, quand la belle Ildegonde,
Dés ses plus tendres ans docte en l’art de nager,
Dans les vagues s’élance, et le veut dégager.
En voyant leur peril chacun se jette à nage,
Et de ceux du navire, et de ceux du rivage.
Cependant s’approchoient et l’amante et l’amant,
Quand un monstre, du creux de l’humide élement,