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Le demon devient sourd aux magiques paroles,
Aux charmes les plus forts appris dans ses écoles :
Dans sa ruse impuissante est muët et confus.
Son inflexible orgueil fait qu’il ne répond plus ;
Et quand il le voudroit, la supreme puissance
A sa fiere malice impose le silence.
Et de trouble et de honte Auberon est surpris.
Voyant que de ses dieux nul ne vient à ses cris,
Et que de son pouvoir la princesse est sauvée,
Il croit que quand son art la fit voir enlevée,
Mercure fut moins fort qu’une autre deïté,
Qui fit changer la feinte en une verité.
Mais il ne peut quitter son invincible rage.
Il la cache en luy-mesme, et calme son visage.
Apres mille desseins formez dans sa fureur,
Il prétend enflammer Yoland et sa sœur ;
Et qu’à l’amour du roy leur courage se porte :
Puis le soir en secret leur parle en cette sorte.
Mes filles, mon cher soin, vos yeux ont veû Clovis.
Vos cœurs en sont encor de merveille ravis.
Quelle taille, quel port, quel auguste visage ;
Et jugez les hauts faits que son regard presage.
Desja son jeune bras par tout porte ses loix.
Je vous diray sa race, et ses premiers explois :
Mais sçachez avant tout nos troubles et nos guerres ;
Quels combas, quels accords, partagerent nos terres ;