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Voyant que les françois, dans un autre univers,
Auroient d’un cours hardy cent climats découverts,
Devoit planter la foy, par l’effort de son zele,
Comme une autre Clotilde, en la France nouvelle :
Et qu’elle auroit encor, par la faveur des cieux,
De Clotilde le teint, de Clotilde les yeux,
Semblable majesté de port et de visage,
Mesme force de foy, de sens, et de courage.
La princesse dés-lors, d’un esprit satisfait,
De ses graces cherit le modelle parfait ;
Puis encore une fois, de ces heros celestes
Elle lit et relit les admirables gestes ;
Forme un secret desir, quoy que privé d’espoir,
Que le ciel avançast le plaisir de les voir ;
Et prevoyant l’éclat d’une gloire si grande,
A la mere de Dieu desja les recommande.
Elles sortent du temple ; et Clotilde en partant
Sent son cœur de ces biens, et confus et content.
Le sommeil la saisit. Une volante escorte
Dans Vienne aussi-tost en son lit la remporte.
Elle doute au réveil si son enlevement,
L’orage, le palais, la soif, l’enchantement,
Et la vierge, et le temple, et ces races futures,
D’un songe ne sont point les fortes impostures.
En vain les bourguignons, de sa perte allarmez,
Avoient des hospitaux, et des cloistres fermez,