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Son ame aller sous terre ; et d’un divin effort,
En r’animant son corps, triompher de la mort.
Puis comment ce dieu mesme, en quittant nos miseres,
Donna ce mesme corps à manger a ses freres,
Establit son eglise, et par un saint serment,
En bastit sur Cephas l’eternel fondement.
Elle apprend que long-temps cette eglise naissante,
Sous le joug des payens captive, languissante,
Humble, pauvre, fuyant de citez en citez,
S’accrut par la soufrance, et les calamitez :
Maintenant de Jesus la majesté jalouse,
Veut qu’un prince puissant protege son espouse ;
Et choisissant Clovis entre les conquerans,
Veut qu’il serve l’eglise, et dompte ses tyrans :
Et que ses successeurs la rendant triomphante,
Tiennent le rang d’aisnez sur les fils qu’elle enfante.
Elle void les demons de rage transportez,
Pour arracher aux francs tant de felicitez :
Et comment l’enchanteur, d’une infernale ruse,
Trahissant les amans, les trouble et les abuse.
Son esprit par l’erreur encore tourmenté,
Reprend mille plaisirs par cette verité.
Elle void du guerrier la flame glorieuse,
Des charmes, des mespris, tousjours victorieuse :
Et qu’encor sa beauté, sa vertu, sa douceur,
En despit des demons dominent dans son cœur.