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Sent la forte vertu de la sainte presence,
Qui de ses sens esteints réveille la puissance :
Ouvre ses yeux heureux ; et doutant de leur foy,
De son trouble profond, tombe en un juste effroy.
La vierge la r’asseûre, et soudain la console,
Repetant de son fils l’immuable parole.
Clotilde, vers l’éclat de ce front radieux,
Se prosterne, et bénit l’ordonnance des cieux.
Mais Clovis luy revient, malgré cette merveille ;
Et ses rudes propos rebattent son oreille.
La mere des bontez, pour la desabuser,
Dans la source du vray veut la faire puiser.
Elle void, ou croit voir, dans la plaine étherée,
Parmy le bel azur dont elle est colorée,
Une blanche clarté qui s’amasse et reluit.
La vierge vers ce lieu l’addresse et la conduit.
Une longue vapeur, que le soleil éclaire,
Trace un chemin d’argent à la divine mere.
Leurs pieds en mesme temps foulent d’un noble pas
Des chimeres de l’air les mobiles amas.
Enfin vers le saint lieu Clotilde parvenuë,
Void briller de plus pres, sur une large nuë,
Un temple, non basty de marbre ou de metal,
Mais dont les riches murs ne sont qu’un pur cristal.
De piliers de cristal un ordre magnifique
Environne le temple, et soustient le portique.