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Par leurs charmans concerts, des anges les neuf chœurs
Chantoient ses longs tourmens, de ce monde vainqueurs ;
Et du triste tombeau sa sortie estonnante ;
Et vers le ciel ouvert sa route triomphante.
Les prophetes zelez, de la loy deffenseurs,
Patriarches, martyrs, apostres, confesseurs,
Des solitaires saints les ames precieuses,
Et les vierges sans tache, aux voix delicieuses,
Repetoient à l’envy les chants melodieux,
Et d’échos infinis faisoient bruire les cieux :
Quand la mere de Dieu, d’étoiles couronnée,
Parut devant son fils humblement prosternée.
Tous ces chœurs differens des esprits bien-heureux,
Reprimerent soudain leurs accens amoureux :
Le silence par tout regna dans l’empyrée,
Pour oüyr ces propos de sa bouche sacrée.
O mon fils, et mon dieu, si l’adorable sang
Qui de moy se forma dans mon indigne flanc,
Pour laver les mortels a daigné se répandre,
Si tes benignes loix par tout doivent s’étendre,
D’une sage princesse accepte les saints vœux,
Qui veut t’assujettir les françois courageux,
Qui jeusne, qui te prie, et nuit et jour soupire,
Pour soumettre à ta loy leur prince et son empire.
Ne souffre pas, mon fils, de la voir sur ces monts,
Dans un triste abandon, le joüet des demons,