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créanciers de l'État ; et, par leurs actives correspondances, ils ont paralysé les efforts tentés pour faire coter les bons ruraux à l'étranger et leur donner la valeur qu'ils doivent représenter. Je pourrais citer tel Juif renégat, ancien marchand de tabac à Jassy, monté en faveur par de basses manœuvres, agent occulte de puissances hostiles au pays et qui contribue à déprécier à Berlin, à Francfort et à Paris ces valeurs qui sont excellentes, puisque ces obligations sur l'État ne sont en réalité que des obligations sur la terre. L'État est propriétaire d'un tiers du pays ; mais ces biens, qui seraient d'une grande ressource avec une meilleure administration, rapportent à peine le quart de ce qu'on en pourrait tirer, si les baux étaient bien faits, si les contrats étaient exécutés et si l'on soupçonnait ce que peut être la sylviculture. Il est donc certain que les Juifs sont créanciers de l'État, comme ils sont créanciers de la grande et de la petite propriété ; comme ils sont fournisseurs des denrées et pourvoyeurs des besoins du pauvre et du riche, du Roumain comme de l'étranger. Ils tiennent donc toutes les issues de la production et sont les maîtres du pays. Si l'on ajoute à la haine naturelle qu'inspire l'étranger qui s'est rendu nécessaire les motifs particuliers de répugnance qui s'attachent à une race économe jusqu'à se priver, et sale jusqu'à compromettre la santé publique, on comprendra l'universelle réprobation qu'excite dans le pays cette invasion croissante. On n'a rien vu dans les cloaques les plus immondes de l'Angleterre qui approche de cet entassement de misères, souvent volontaires, qui a frappé nos regards à Jassy. Nous avons trouvé cinq cents Juifs dans une seule maison, quinze dans une chambre, hommes, femmes et enfants, vieillards, pêle-mêle, logés à raison de 10 paras (9 centimes) par tête, sans compter le