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l’installation dans le bois

vivantes, celles que la mourante avait caressées d’un sourire et d’un merci.

Elles priaient. Une bénédiction descendait du ciel. Aimé, voulant couper des rondins pour les couches, heurtait du pied sous la neige, derrière la maisonnette, un lot de planches abandonnées qui feraient une table parfaite, des bancs, une étagère.

Théodule, pour calfeutrer la bicoque, espérait trouver du lichen et de la mousse aux troncs des vieux mérisiers. Il entendit la chanson d’un ruisselet que n’arrêtait pas le froid temps. Il coulait sur son lit de glaise, à quelques pas, au fond d’un léger ravin. Trouvaille heureuse : l’eau de source, l’eau fraîche, meilleure que la neige fondue, et la bonne terre jaune et grasse qui bouche au nez ; du vilain sorcier de « Nordet » (Ah ! quel cruel, ce vent du nord !) toutes les brèches du cabanon, et ferme, à la boucane agaçante et malapprise, toutes les fissures d’un poêle disloqué.

C’était presque l’idéal !

Et toute joie, c’est un regain de vaillance. Ah ! ce qu’ils trimaient ferme, nos gentils ouvriers ! Les entendez-vous clouer, scier, tailler, rire du coup de marteau sur le pouce ; discuter gravement de la longueur, de la hauteur, de la largeur, non pas des choses humaines, mais d’une méchante table de chantier ; et puis, de la voir boiteuse, donner l’avis très sage : « Mets-y un bonhomme », un éclat de