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le p’tit gars du colon

statuette de Marie, celle qui vit mourir leur pauvre maman…

Lorsque fut accroché le grand christ blanc de la croix noire à la muraille de troncs, et fixée l’image coloriée de Notre-Dame, les quatre enfants s’agenouillèrent. Aimé dit à haute voix :

« Je vous salue, Marie… » ses trois frères continuèrent, dévotement, lentement. Ce n’était pas beaucoup leur habitude, la parole lente de l’ave ; mais, cette fois, une émotion jamais rencontrée saisissait leurs âmes, de voir si belles, si consolantes les deux images dans la cabane misérable, et de sentir que tout logis devient doux et protecteur où Jésus et Marie daignent recevoir la prière de quatre petits orphelins.

« Priez pour nous… » Ils étaient sûrs d’être exaucés.

Comme ils se relevaient et pieusement se signaient, en regardant le crucifix et la Madone, Eugène prit dans le coin de la boîte — il savait bien qu’elles s’y trouvaient, le cher petit — les blanches immortelles, les fleurettes qui priaient silencieuses durant l’agonie de leur maman.

Il cloua le bouquet, n’ayant pas de bocal, sous la statuette ; et ce fut d’un effet charmant, les corolles naïves sur qui, par le châssis vermoulu, venait se poser du gai soleil d’hiver. Elles priaient encore, les immortelles restées blanches et comme