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pourquoi le directeur-margraff de Berlin, et le Pharmacien de la cour de Pétersbourg Jean George Model, reçurent, l’un et l’autre, un éther sulfurique tenant de l’or. Il est vraisemblable que Boerhaave avait opéré sur la teinture véritable ; ce qui semble le prouver, c’est qu’il a essayé de l’imiter en faisant digérer de l’acide muriatique dulcifié sur du sulfate de fer calciné.

Depuis 1748, le comte Bestuchef faisait préparer sa teinture par le conseiller J. G. Model, mais on lui remettait les ingrédiens déjà mélangés. Bestuchef étant tombé en disgrace, et l’impératrice Élisabeth qui faisait usage de cette teinture ne voulant point se servir de celle du comte, celui-ci confia, sous le sceau du secret, au conseiller Model, la véritable préparation comme sa propriété. Model distribua alors, sous le nom de gouttes jaunes et blanches de Bestuchef, cette teinture dans des flacons de six gros de capacité, à deux roubles le flacon : et son débit annuel était de 200 L., poids de médecine.

Cependant nombre de chimistes, ou soi-disant tels, continuaient à vouloir pénétrer le secret de cette préparation : plusieurs même prétendirent y avoir réussi. Ce fut ce qui força Model à publier différens Mémoires sur ce sujet. Il fit paraître entr’autres : Lettre à un ami sur la teinture nervine de Bestuchef, dite de Lamotte, Pétersbourg 1759 et 1762. Seconde Lettre sur les gouttes de Bestuchef, Pétersbourg 1763. Avertissement sur la teinture nervine, connue sous le nom de Gouttes de Bestuchef, Pétersbourg 1763. Sa réponse au directeur-margraff, réponse dans laquelle il donne des éclaircissemens sur les gouttes de Lamotte, originairement gouttes de Bestuchef. Dans ces différens Mémoires, Model, sans faire tort à la vérité, en dit cependant assez pour dérouter les scrutateurs de son secret. Ce qui l’empêcha de le publier, c’était outre son serment et le bénéfice qu’il faisait, la crainte que cette publication ne devînt, dans les mains d’hommes peu ins-