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qui enfin aient plus excité l’esprit de recherche des chimistes que l’éther sulfurique martial, dont la préparation simple que nous avons donnée est conforme aux principes de la saine chimie moderne.

Le hasard avait fait tomber entre les mains du feld-maréchal comte Alexis Bestuchef-Rumin, qui se trouvait à Copenhague en 1725, les manuscrits chimiques de Bottcher, inventeur de la porcelaine allemande. Quelques idées éparses dans ces manuscrits, et la lecture des ouvrages de Basile Valentin, conduisirent le comte à la découverte de ce médicament ; et comme les médecins lui reconnurent des vertus réelles, qu’on le distribua gratuitement aux malades, ce remède nouveau, pour lequel le nom de son inventeur était déjà une recommandation puissante, se répandit bientôt, sous le nom de teinture nervine jaune de Bestuchef, non-seulement en Russie et dans les pays voisins de cet empire, mais encore dans les pays éloignés, et son usage fut d’autant plus recommandé qu’on y mettait un plus haut prix.

Le chimiste, M.  Lembke, par lequel le comte faisait préparer cette teinture sous ses yeux, s’enfuit de chez Bestuchef[1] en 1728, et se retira à Hambourg, où, trahissant la confiance du comte, il vendit à M. le général Lamotte, qui se trouvait alors à Hambourg, la préparation secrète du médicament.

Le général, à son retour à Paris, vendit, comme produit de son invention, cette teinture à un louis le flacon d’une demi-once, sous le nom de gouttes d’or du général Lamotte, élixir d’or, élixir blanc.

Comme ce médicament acquit rapidement une grande célébrité, il fut bientôt en faveur à la cour, et en usage

  1. Outre cette teinture, le comte en donnait également une autre, sans couleur, sous le nom de Gouttes blanches : nous ne parlerons point de cette dernière, parce qu’elle n’était, comme nous le verrons plus bas autre chose que du bon éther muriatique.