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que Glangeaud était un ignorant un insolent qui ne pensait qu’à le critiquer et ne lui rendait aucun service. Il fallait absolument que je revins.

Il avait commencé les démarches nécessaires pour réaliser mon transfert quand la mort le surpris.

Voudriez-vous avoir la bonté de faire passer a Daléchamps la petite note ci joint qui concerne un de ses ancêtres.

Ce n’était pas un méchant mais un impulsif dont la surescitation nerveuse dépassait de beaucoup la volonté et son mouvement de retour vers moi m’a beaucoup étonné car à la suite d’une réflexion de son camarade et ami Gonnard, le mineralogiste Clermontois bien connu, critiquant un passage d’un discours de rentrée des Facultés où Julien prétendait que toutes les roches et les minéraux de l’Auvergne étaient connus, Gonnard ripostait : « Non, cher maitre, rien de cela n’est achevé c’est à peine commencé ». et avec beaucoup de raison. Julien ne pardonna jamais à Gonnard et ne voulut même jamais le revoir après nombre d’années. Sa rancune fut éternelle malgré les lettres explicatives de Gonnard qui était le plus brave homme qu’on put trouver.

Malgré ces défauts de caractère, je serais volontiers revenu avec Julien parce que je me trouvais dans un milieu plus en rapport avec mes goûts bien marqués pour la géologie. Et puis je savais mieux m’entendre avec Julien et j’aurais été bien mieux avec lui qu’avec Girod dont la girouette scientifique et morale tournait toujours sans arret bien qu’il fut un brillant professeur et une intelligence élevée.

Aujourd’hui je repasse toutes ces choses du passé et c’est là un des charmes de la vieillesse (je puis dire de notre vieillesse) lorsque on a le bonheur d’avoir conservé sa tête et son corps intacts.

bien à vous P.G.