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pas de rapport de juge ni d’information ; quand un homme prenoit un voleur, il pouvoit le mettre dans une prison, et l’y accabler de coups. Il y a maintenant différentes manières de s’y prendre : si un particulier a perdu quelque chose et qu’il soupçonne un homme de l’avoir volé, et que celui-ci ne veuille pas le laisser connoître, on met de l’huile dans un chaudron, on la fait bouillir, et on dit à l’homme qu’on soupçonne, d’y plonger la main ; si cet homme est véritablement le voleur, sa main est entièrement brûlée ; autrement la chair et la peau restent comme auparavant. On dit que ces peuples ont encore l’usage que voici : Si deux familles ont un procès, tel qu’on ne puisse discerner le vrai du faux, il y a devant le palais de petites tourelles en pierre, au nombre de douze ; on fait asseoir les deux parties, chacune sur une de ces tourelles ; les parens des deux familles sont placés dans l’intervalle. Les plaideurs restent ainsi assis, tantôt un jour ou deux, tantôt trois ou quatre jours ; celui des deux qui n’a pas le bon droit pour lui, ne manque pas de tomber malade et d’être contraint de se retirer ; ou il lui vient sur le corps des ulcères et des furoncles, ou il est pris d’un catarrhe ou d’une fluxion de poitrine, ou de toute autre incommodité ; celui qui a la justice pour lui se retire sans avoir la moindre chose. C’est de cette manière qu’on discerne le vrai du faux, et c’est ce qu’on nomme le jugement de