Page:Description du royaume du Cambodge, traduction Rémusat.djvu/66

Cette page a été validée par deux contributeurs.

année, un prêtre ne peut satisfaire qu’une seule fille ; et, s’il vouloit accorder davantage, on ne le lui permettroit pas. Cette nuit, on prépare un grand festin, on fait venir des musiciens, des tambours ; on assemble les parens et les voisins. On attache au-dehors de la porte un pavillon où sont peintes des figures d’hommes et d’animaux au nombre de dix, quelquefois de trois ou quatre seulement. Les pauvres n’en mettent pas. Cela paroit être un ancien usage. Au bout de sept jours, on va, le soir, avec une chaise-à-porteurs, un parasol, les tambours et la musique, au-devant du prêtre, et on l’amène à la maison. On construit deux dais avec des étoffes de diverses couleurs ; on fait asseoir la fille sous l’un et le prêtre sous l’autre. On ne peut entendre les paroles de celui-ci, à cause du bruit des tambours et de la musique. Pour cette nuit, il n’est retenu par aucune défense[1] ; mais, comme il n’est pas permis à un Chinois d’assister à cette cérémonie, je ne sais ce qui en est. Au moment où le jour va paroître, on reconduit le prêtre avec la chaise, le

  1. Audivi illum cum virgine simul in proxinum cubiculum ingredi, ibique eam, manu adhibita, constuprare. Manum deinde in vinum immittit, quo, si quibusdam credideris, pater, mater, proximi tandem atque vicini, frontem signant ; si aliis, vinum ore ipsi degustant. Sunt et qui sacerdotem puellae, plene coitu misceri asserunt, alii contra contendunt.