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celles des barbares du midi ; ils sont grossiers, fort laids, et ont le teint très-noir. Je ne sais si cela ne vient pas de ce qu’ils habitent la plupart dans des îles au milieu de la mer, ou dans des lieux exposés dans l’intérieur des terres ; car pour les dames du palais, et même parmi les femmes de Nan-pheng[1], il y en a qui ont le teint d’un blanc éclatant comme de la pierre de iu, et cela vient de ce qu’elles ne voient ni le ciel ni la lumière du soleil. Ils mettent pour la plupart un morceau de toile autour de leurs reins ; du reste, hommes et femmes vont nus, la poitrine découverte, les cheveux noués sur la tête, les pieds nus ; la reine elle-même ne va pas autrement. Le roi a cinq épouses ; l’une qui est la principale, et les quatre autres d’un rang inférieur. Quant aux concubines, j’ai entendu dire qu’il y en avoit de trois à cinq mille, qui sont encore distribuées en plusieurs classes ; elles ne sortent ja-

  1. Nan-pheng peut être un des noms de la ville capitale, qui est située au midi par rapport au palais du roi. Nan-pheng signifieroit campement méridional, mais on verra plus bas que la partie occidentale de Camboge, du côté de Siam, est nommée Si-pheng, le campement occidental. Ainsi Nan-pheng pourroit être un des noms du Tchin-la d’eau, ou de la partie australe de Camboge, c’est-à-dire des provinces de Pa-sse-li et de Mou-tsin-po ; il seroit alors remarquable qu’on trouvât des femmes blanches dans le nombre des habitans d’une région comprise entre les 9e. et 10e. parallèles.