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toutes tournées vers l’orient. Il y a aussi un pont en or[1] et deux figures de lion, faites de même métal, à droite et à gauche du pont ; on y voit aussi une statue de Bouddha en or, à huit corps,

  1. Sur tous ces monumens d’or, c’est-à-dire dorés ou recouverts de plaques d’or, et quelquefois d’argent et de cuivre, que les Bouddhistes ont élevés dans différentes parties de l’Inde orientale, on peut voir la relation du Tonquin de P. Marini, celle du voyage du major Symes à Ava, etc. La prodigieuse consommation d’or et d’argent qui a lieu dans ces contrées a attiré l’attention de quelques écrivains économistes, qui ont pensé qu’elle pouvoit compter pour quelque chose dans les questions relatives à la balance et à l’écoulement des métaux précieux, dans les différentes parties de l’ancien continent. La dorure de tant de monumens, de statues et d’ornemens doit en effet coûter des sommes énormes, et exiger, chez des peuples où les procédés des arts sont encore peu avancés, une quantité d’or très-considérable ; c’est de quoi l’on peut juger par comparaison : la dorure du dôme de l’hôtel des invalides, à Paris, a coûté 94,059 fr. ; la lanterne seule avec la flèche a été dorée à plein, comme les monumens de l’Inde ; elle a coûté 18,540. Le pied superficiel est évalué à 3 fr. 56 c., et le dôme sans la flèche en contient 21,210. La main d’œuvre est moins chère aux Indes ; mais aussi l’art de battre l’or en feuille d’une extrême ténuité n’y est pas très-perfectionné, et on doit en perdre beaucoup dans la dorure. Qu’on juge donc de ce qu’il en peut coûter pour recouvrir d’or des statues colossales, des ponts, et des tours d’une grande élévation, comme on en voit dans diverses parties de l’Inde orientale.