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nocéros, dans une maison de plaisance nommée l’Île des Cent Tours. On leur sert à manger dans des auges et des vases d’or. De là vient le proverbe du riche Tchin-la. Le peuple y est en effet riche ; le temps est toujours chaud ; on n’y connoît ni la gelée ni la neige. Il y a plusieurs récoltes par an. Les hommes et les femmes nouent leurs cheveux ; ils portent des habits courts et des ceintures de toile. Les supplices les plus ordinaires sont de couper le nez, de mutiler, de faire mourir, selon la gravité du crime. On coupe aux voleurs les pieds ou les mains. Si un barbare tue un Chinois, le coupable est puni de mort. Si un Chinois tue un barbare, il est mis à l’amende : s’il ne peut la payer, il est vendu pour racheter son crime. Les Chinois reçoivent des barbares le nom de gens de Hoa ou d’hommes de la fleur ; il en est de même chez tous ces peuples d’au-delà de la mer. Quand deux personnes se marient, les deux époux restent huit jours sans sortir de leur maison avec les lampes allumées jour et nuit.

Quand un homme meurt, on le place dans un lieu désert, laissant aux oiseaux de proie le soin de le dévorer. Quand le cadavre est entièrement dévoré, on regarde cela comme un bonheur. Lorsqu’on est en deuil, on rase ses cheveux. Les femmes se coupent les cheveux au-dessus du front, de la grandeur d’un denier, pour marquer, disent-elles, la reconnoissance qu’elles portent à