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table se baignent, les enfans ou les jeunes gens n’osent entrer dans la mare ; ou, si les jeunes gens se trouvent avant dans le bain, les personnes âgées s’en retournent. Ces troupes de baigneurs, méconnaissant les lois de la décence, se bornent, en entrant dans l’eau, à cacher de leur main gauche ce que la pudeur défend de laisser voir. Tous les trois ou quatre jours, ou tous les cinq ou six jours, les femmes de la ville vont trois à trois, ou cinq à cinq, se baigner ensemble dans le fleuve hors de la ville ; en arrivant au bord, elles se dépouillent de la toile qui les couvre, et entrent dans l’eau pêle-mêle, et y nagent quelquefois au nombre de mille ; quoiqu’il y ait des femmes de la première condition, elles n’attachent à cela aucune honte ; on les voit nues de la tête aux pieds. Dans le grand fleuve, il ne se passe pas de jours qu’on n’en voie ainsi quelques-unes. Les Chinois prennent plaisir à aller, les jours de fête, voir leurs jeux dans l’eau. J’ai entendu dire qu’il arrivait souvent à ces bains des aventures galantes. L’eau est toujours douce comme de l’eau chaude, excepté à la cinquième veille, qu’elle se rafraîchit un peu ; mais, au lever du soleil, elle s’échauffe de nouveau.

De l’émigration.


Ceux des Chinois qui entendent la navigation gagnent beaucoup dans ce royaume ; ils n’ont pas